« Tout a commencé avec Michel Drucker.
J'avais 10 ans et je regardais fascinée les ballets de Redha danser à l'unisson pendant le générique des Champs-Élysées. Je rêvais de rejoindre ses chorégraphies faites d'élans et de paillettes.
Je rêvais de créer des danses chorales, avec des pirouettes, des grands jetés et des bras qui volent.
J'avais 10 ans et je voulais être chorégraphe.
Et puis, je me suis perdue en chemin. J'ai fait de longues études comme devait le faire la bonne élève que j'étais alors.
Mais ça m'a rattrapée.
Et je suis devenue chorégraphe.
Mon parcours tardif m'a d'emblée éloignée de la virtuosité et du spectaculaire.
J'ai donc cherché, et je cherche toujours, comment le mouvement fonctionne.
Et comment le transmettre.
J'ai développé une danse de tous les jours.
Une danse piétonne.
Une danse qui marche.
Ou inversement.
Partout.
Une danse qui se fond dans le milieu et s'accorde avec l'autre.
D'un pied sur l'autre. »
madame bleu est Anlor Gueudret, chorégraphe, chercheuse, et pédagogue. L'improvisation en tant que pratique et performance partagée est son champ de prédilection – champ de recherche, d'enseignement et de création, étayé en profondeur par les études somatiques et nourrie par un rapport intime à l'environnement qu'elle habite.
Elle s'installe en Ardèche en 2011, après une formation aux Rencontres Internationales de Danse Contemporaine où elle obtient son diplôme d'Etat. Dans cette école elle fut formée par Dominique Dupuy, Christine Gérard, Mié Coquempot, Alban Richard...et posa les fondamentaux d’une danse en relation profonde à l’espace extérieur et intérieur.
Rapidement, elle est motivée par un désir de transformer le quotidien, d’aller vers l’autre, dans des espaces ouverts et non-dédiés, de situer son geste et de lui donner du sens : c’est dans l’espace public, et dans le cadre de projets de territoire, qu’elle signe nombre de ses créations chorégraphiques.
En 2019, elle rencontre Alice Godfroy dans le cadre du Master « Savoirs du Corps Dansant, parcours improvisation ». Cette rencontre est déterminante et lui permet de faire du geste improvisé un véritable sujet d'étude, influencée par des artistes tels que Lisa Nelson.
Son expérience artistique est structurée par une formation en Analyse Fonctionnelle du Corps dans le Mouvement Dansé (AFCMD), qui lui a permis d’aiguiser son goût et son expertise en anatomie du danseur, qu'elle enseigne depuis 2018.
Ce qui l’anime est de révéler et accompagner la danse de l’autre, dans un élan spontané et vital. Au coeur de son travail, elle interroge la naissance du geste créateur, comme un rapport haptique au monde que l’on touche et qui nous touche, émettant une vibration réciproque.
Elle attache une importance particulière à ce que l’éducation chorégraphique soit accessible à tous et toutes. En Ardèche, où elle déploie une relation fidèle et enthousiaste avec son territoire, ses terrains d’interventions sont multiples : milieu scolaire de la maternelle au lycée, structures de la petite enfance, EPHAD, établissements médico-sociaux...
Depuis 2023, elle tente de relier toutes ses obsessions et influences au sein d'une recherche-création qui traite du dialogue entre la danse et la marche : Danser comme je marche. Plus qu'un spectacle, qui n'en est qu'une des manifestations, c'est une étude multifide qui allie la transmission, l'analyse du mouvement, l'improvisation, la composition située, et l'écriture intime.

pourquoi madame bleu ?
Parce qu 'I want to be independantly blue,
comme Nina Simone.
Parce que je lui dirai les mots bleus de Christophe.
Parce que c'est ma couleur préférée,
et celle des yeux de mon fils,
et de mon père.
Parce que ma robe achetée à Londres.
Parce qu'une paire de chaussure
usées et confortables dans lesquelles j'aime danser
Parce que le bleu du ciel,
et de l'océan.
Parce que ça me va bien.
Parce que Madame B. et que je m'appelle A.
Deuxième lettre de l'alphabet,
après la première
Un double, une ombre
BLEUE